La Chine durcit encore le ban crypto suite à une reprise du trading
La Chine n’avait jamais vraiment desserré son étau autour des cryptomonnaies. Mais ces derniers jours, Pékin a décidé de rappeler une chose simple. L’empire du milieu ne tolérera aucune reprise d’activité autour des actifs numériques, même discrète. Une réunion de haut niveau dirigée par la Banque centrale chinoise (PBoC), a rassemblé 13 agences gouvernementales pour resserrer à nouveau les rangs et coordonner la répression.
Pékin resserre la vis, les stablecoins en ligne de mire
Selon la PBoC, la reprise récente d’activités “illégales” autour du trading et des stablecoins a suffi à rallumer les alarmes. Les autorités parlent d’un retour des spéculations, d’une hausse notable des flux offshore et d’une multiplication des transactions privées en stablecoins ; USDT en tête.
Pour les responsables chinois, ces actifs représentent un risque direct pour la lutte contre le blanchiment, la fraude et les transferts de fonds transfrontaliers. Ils rappellent que les cryptomonnaies n’ont aucun statut de monnaie dans le pays et que toute activité liée à ces actifs constitue un acte financier illégal.
Hong Kong encaisse le choc, les actions exposées plongent
L’annonce de Pékin a eu un effet immédiat sur les marchés régionaux. En effet, les actions hongkongaises exposées aux actifs numériques ont décroché en quelques heures :
- Yunfeng Financial Group : -10 %,
- Bright Smart Securities : -7 %,
- OSL Group : -5 %.
Là encore, la Chine rappelle qu’elle reste le centre de gravité politique de la région. Pourtant Hong Kong tente depuis deux ans de s’imposer comme un hub crypto régulé. D’ailleurs, la ville venait tout juste d’adopter une législation spécifique aux stablecoins. Plus d’une quarantaine d’entreprises dont Circle et Standard Chartered ayant déjà manifesté leur intérêt.
Les limites de la mise en application : le minage clandestin prospère encore
Malgré les interdictions successives depuis 2021, la Chine reste une puissance du minage de Bitcoin. Selon les dernières estimations de Luxor, le pays représenterait encore 14,05 % du hashrate mondial, soit environ 145 EH/s.
En parallèle, les autorités poursuivent la fermeture des opérations clandestines, mais chaque démantèlement révèle une réalité plus complexe :
- Réseaux bancaires illégaux utilisant la crypto pour blanchir plus de 136 M$,
- 18 affaires sur 49 liées aux “banques souterraines” impliquant des actifs numériques,
- Fermeture de comptes Weibo, Douyin et WeChat diffusant des contenus pro-trading,
- Interdiction pour les institutions de publier des études ou d’organiser des conférences sur les stablecoins.
La lutte est permanente, mais les chiffres montrent que le bannissement n’a jamais réellement stoppé l’activité. Il l’a seulement déplacée dans l’ombre.
Les stablecoins, une menace stratégique pour le yuan
En réalité, si la Chine frappe si fort, ce n’est pas seulement pour des raisons sécuritaires. Derrière les rideaux, le sujet soulève l’éternelle question de l’hégémonie US sur la scène géopolitique. Les stablecoins indexés sur le dollar sont perçus comme un danger pour l’internationalisation du yuan.
Le marché dépasse désormais les 300 milliards de dollars, et les transactions cumulées de USDT et USDC ont franchi les 27 000 milliards sur douze mois. Un volume gigantesque que Pékin voit d’un très mauvais œil.
Pan Gongsheng, gouverneur de la PBoC, estime que les stablecoins amplifient “les faiblesses du système financier mondial”. Wang Yongli, ancien dirigeant de la Bank of China, parle d’une “menace stratégique” pour l’essor du renminbi à l’étranger.
Le message sous-jacent est limpide : la monnaie doit rester un monopole d’État. Par conséquent, les alternatives privées et surtout celles liées au dollar seront systématiquement freinées. Pour les investisseurs, cette divergence entre Hong Kong et Pékin devient un risque stratégique. Jusqu’où le hub financier peut-il aller si la Chine continentale réaffirme un cadre hostile ?
Source : Banque Populaire de Chine
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